Faudra-t-il bientôt apprendre à se passer de métaux ? À l’heure où tous les objets semblent connectés, de la gamelle pour chiens à la voiture en passant par votre montre, existe-t-il réellement une menace de fin des métaux rares ? Quels sont les principaux métaux et terres rares et comment ceux-ci sont-ils utilisés dans nos objets du quotidien ? Quelles sont les conséquences de l’exploitation minière ? Découvrez les réponses dans cet article et comment changer nos modes de consommation pour éviter les effets néfastes d’une surexploitation et d’une éventuelle pénurie.
Métaux rares, terres rares : de quoi parle-t-on ?
17 éléments chimiques de la famille des métaux sont qualifiés de terres rares, par exemple le scandium, le cérium, le thulium ou encore le samarium. Contrairement à ce que laisse penser leur nom, ce sont des matériaux plutôt abondants dans la nature.
Leur exploitation a commencé au début de la révolution industrielle, c’est-à-dire dès la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. À l’époque, leur extraction étant plus fastidieuse que celle de l’aluminium ou de l’or, ils ont été qualifiés de terres rares.
Contrairement à d’autres métaux, ils sont présents sous forme d’alliage dans la croûte terrestre. Il est donc nécessaire de séparer les différents éléments chimiques de l’alliage pour les exploiter.
En revanche, ces 17 composés ne sont pas les seuls éléments chimiques critiques aujourd’hui : l’Union Européenne reporte 30 matières premières dites stratégiques. Essentielles pour l’économie, elles présentent aujourd’hui un risque important de pénurie. C’est notamment le cas des 17 terres rares, mais aussi d’autres métaux comme le lithium, le cobalt ou encore le cuivre.
À quoi servent ces métaux ?
Mais alors, que fait-on avec ces métaux cachés derrière de mystérieux noms à la consonnance latine ? Eh bien, tous ces matériaux se retrouvent notamment dans nos appareils électroniques. Qu’il s’agisse de votre smartphone, votre ordinateur ou des antennes qui vous permettent d’avoir Internet chez vous, tous ces objets sont de petites mines de terres rares. Quand vous voyez donc les opérateurs téléphoniques mettre en avant l’arrivée du réseau 5G, sachez que sa mise en place contribue à augmenter la demande en métaux rares.
Les terres rares sont également très présentes en robotique, dans le secteur de l’armement et même dans la transition énergétique actuelle. La plupart des mesures encouragées actuellement par le gouvernement (développement du véhicule électrique, installation massive d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques) nécessitent une quantité importante de métaux rares. La transition écologique envisagée aura par ailleurs beaucoup de difficultés à être mise en œuvre en cas de pénurie.
Une voiture électrique abrite par exemple 5 à 9 kg de cobalt. Pour une seule éolienne, comptez pas moins de 17 kg de terres rares.
La dépendance aux terres rares
Les métaux rares sont des ressources fossiles qui ont mis des milliards d’années à se constituer et sont loin d’être infinies dans la nature.
L’humanité extrait aujourd’hui 130 000 tonnes de terres rares par an, avec une croissance annuelle de 2,7 % depuis 1970. Autrement dit, la production a été multipliée par 2 tous les 20 ans dans les 50 dernières années.
Les tendances indiquent une croissance qui ne devrait que s’accélérer avec la demande globale en terres rares qui pourrait être multipliée par 4 d’ici à 2040.
Le souci de ces métaux rares, outre leur quantité limitée dans la croûte terrestre et les conséquence de leur exploitation, c’est qu’ils sont inégalement répartis sur la surface de la planète.
L’Europe est loin d’être indépendante dans son approvisionnement en terres rares. Tandis que le Vieux Continent ne produit que 3 % du volume mondial de ces précieux métaux, ses entreprises et habitants sont pourtant responsables de 20 % de la consommation.
L’Europe se fournit à 98 % en terres rares via la Chine, premier producteur mondial de 26 métaux critiques et premier pays en ce qui concerne les réserves de terres rares. Si une pénurie venait à survenir, il est facile d’imaginer que cette dépendance pourrait engendrer de réels soucis géopolitiques.
Les conséquences de l’exploitation des terres rares
L’extraction et les traitement des métaux rares ne sont pas sans conséquences sur l’environnement, mais aussi sur les mineurs, qui travaillent souvent dans des pays sans réel droit du travail.
Exploitation humaine
Qu’il s’agisse de la batterie de votre téléphone ou de celle de votre véhicule électrique ou hybride si vous en avez un, il est probable que plusieurs des objets qui vous entourent contiennent une batterie Lithium-ion. À l’intérieur de celle-ci se trouve du cobalt, un métal rare dont 50 % de la production mondiale s’effectue en République Démocratique du Congo.
Dans ce pays, les mines de cobalt cachent une réalité bien sombre : des enfants ne se rendant pas à l’école et travaillant 12 heures d’affilée pour déplacer des tonnes de roche et gagner entre un et deux dollars par jour. Tous les mineurs, enfants compris, sont mal équipés pour prévenir les risques d’accidents ou les conséquences sanitaires de leur métier. Les accidents mortels ne sont pas rares dans les mines et les maladies pulmonaires ou dermatologiques liées à l’exposition prolongée au cobalt restent fréquentes.
Dégâts environnementaux irréversibles
Pour être utilisées, les terres rares doivent être extraites d’alliages métalliques, eux-mêmes piégés dans de la roche. Ainsi, la production de métaux rares et un processus complexe, énergivore et polluant.
La production de quelques kilogrammes de matériaux nécessite souvent l’extraction de plusieurs tonnes de roches. Par exemple, 16 tonnes de roches sont nécessaires pour extraire 1 kg de célium. Pour le gallium, le ratio passe à 50 tonnes pour 1 kg.
Une fois la roche extraite, celle-ci doit être purifiée à de multiples reprises à l’eau pour récupérer le précieux métal. Ainsi, 200 mètres cube d’eau sont nécessaires pour traiter 1 tonne de roches.
Ce processus de purification, en plus d’être énergivore, n’est pas sans conséquence pour la qualité de l’eau qui est ensuite rejetée dans la nature. Ainsi, en Chine, dans la région minière de Baotou, un village maintenant surnommé « village des cancers » a été déserté en quelques années face au taux important de personnes malades du cancer. 70,9 % des décès avaient pour origine le développement de cancers probablement causés par l’exposition à des eaux polluées par l’activité minière locale.
Vers un vrai risque de fin des métaux rares ?
L’extraction intensive des terres rares entraîne une conséquence logique : les teneurs d’exploitation diminuent. Il faut donc extraire et traiter de plus en plus de roches pour récupérer la même quantité de métal, laissant présager une possible fin des métaux rares face à la demande accrue.
Extraire des terres rares devient donc un processus de plus en plus complexe et énergivore : il est nécessaire de creuser toujours plus profond et sur de plus grandes surfaces pour récupérer des quantités toujours plus faibles.
Aurore Stéphant, ingénieure géologue minier, alerte sur l’accroissement de la demande actuelle face à la réalité de l’extraction minière : « J’ai de la peine pour les jeunes générations, parce qu’on leur ment. On leur fait croire qu’elles peuvent vivre dans un monde virtuel, hyper numérisé et sans externalités. C’est complètement faux. »
Les actions pour changer l’exploitation des terres rares et prévenir une pénurie
Mais alors, que pouvons-nous faire à notre échelle pour agir contre la possible fin des métaux rares qui s’annonce ?
Les actions des entreprises
Du côté des entreprises en Europe, celle-ci doivent trouver des solutions pour retrouver une forme d’indépendance et de souveraineté vis-à-vis de l’approvisionnement en métaux. Pour cela, une des premières mesure consiste à arrêter le gâchis et mettre en place des filières efficaces de recyclage des terres rares. Aujourd’hui, d’après l’ONU, seuls 1 % des métaux rares sont recyclés. La marge de progression est donc grande !
Les actions individuelles
En tant que particulier, la seule action possible actuellement consiste à réduire sa consommation personnelle et faire durer les objets électroniques pour entraîner une baisse de la demande globale.
Voici quelques mesures pour aller dans le sens de la réduction de la demande en métaux rares :
- Se tourner vers des appareils reconditionnés pour ceux dont vous ne pouvez pas vous passer (ordinateurs, smartphones) ou vers des appareils réparables et conçus pour durer, comme les téléphones de la marque Fairphone ;
- Limiter le nombre d’appareils électroniques que vous possédez. Avez-vous réellement besoin d’avoir une gamelle connectée pour votre chat ou votre chien ? Est-ce nécessaire de remplacer votre téléviseur actuel HD qui fonctionne encore très bien pour un appareil avec une résolution 4K ?
- Réparer plutôt que remplacer. Certains appareils peuvent être réparés ou rénovés. En changeant le disque dur et en ajoutant de la RAM à votre ordinateur trop lent, vous pouvez par exemple le rendre plus performant sans avoir besoin de le remplacer ;
- Recycler ses vieux appareils électroniques dans des points de collecte adaptés. Découvrez sur le site de l’ADEME que faire des vos déchets pour trouver la bonne filière pour chacun de vos appareils ;
- Pour les usages ponctuels, comme les outils de bricolage ou de jardinage contenant de l’électronique, pourquoi ne pas vous tourner vers de la location ?
La location, c’est ce que nous vous proposons chez Locatool pour agir à notre échelle face à un risque de fin des métaux rares ! Découvrez notre catalogue de matériel à louer et à récupérer près de chez vous !
Source des chiffres cités : infographie de l’ADEME sur les métaux.
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